Guerre russe en Ukraine : le FMI redoute des conséquences "dévastatrices" sur l'économie mondiale

Publié le : 12/02/2025
le FMI redoute des conséquences "dévastatrices" sur l'économie mondiale
Une escalade du conflit en Ukraine aurait des conséquences économiques "dévastatrices" au niveau mondial, a prévenu samedi le Fonds monétaire international (FMI). La flambée des prix de l'énergie et des matières premières ajoutent à la poussée inflationniste que connaissait déjà le monde avant l'offensive russe en Ukraine. Alors qu'un accord avec l'Iran sur le nucléaire apportait l'espoir de pouvoir compter sur le pétrole iranien, la Russie pourrait torpiller les négociations.
« Dévastatrices ».
C'est ainsi que le le Fonds monétaire international (FMI) a qualifié
les conséquences économiques au niveau mondial d'une escalade du conflit en
Ukraine.
Outre le conflit
lui-même, les sanctions occidentales imposées à la Russie "auront aussi un
impact substantiel sur l'économie mondiale et les marchés financiers, avec des
effets collatéraux pour d'autres pays", a également averti le FMI.
Même si les prévisions restent soumises à une "extraordinaire
incertitude", "les conséquences économiques sont déjà très
sérieuses", constate l'institution.
Le baril de pétrole tutoie les 120 dollars
La flambée des
prix de l'énergie et des matières premières en général, avec un baril de
pétrole désormais proche de 120 dollars et le prix du mégawattheure (MWh)
de gaz qui a dépassé les 200 euros en Europe, ajoutent à la poussée
inflationniste que connaissait déjà le monde avant l'offensive russe en Ukraine
en raison des conséquences de la pandémie de Covid-19 et d'une crise de
logistique mondiale.
"Le bond des
prix aura des effets dans le monde entier, en particulier sur les ménages
modestes pour lesquels les dépenses alimentaires et d'énergie représentent une
proportion plus importante" de leur budget que la moyenne, anticipe le
FMI.
La facture ne
sera pas « indolore » pour les Français avait prévenu la ministre de
la Transition écologique Barbara Pompili vendredi sur France Info. En France
par exemple, l'assureur-crédit Euler Hermes estime que les dépenses
énergétiques des ménages français pourraient s'envoler de 400 euros cette
année, pour atteindre 2.800 euros.
"S'ils
veulent limiter l'impact de la crise ukrainienne sur leur croissance
économique, les Etats n'auront d'autre choix que d'appliquer des mesures
publiques de soutien aux ménages", estime Ana Boata, directrice de la
recherche économique d'Euler Hermes, qui évalue à 17 milliards d'euros
l'enveloppe nécessaire pour la France.
Aides du gouvernement
Le gouvernement
est de nouveau contraint de sortir le carnet de chèques pour soutenir
entreprises et ménages. Mercredi, Emmanuel Macron a demandé au Premier ministre
d'élaborer "un plan de résilience économique et social" pour répondre
aux difficultés qui découlent du conflit, notamment la hausse des prix de
l'énergie et des matières premières, qui auront "des conséquences sur
notre pouvoir d'achat demain".
Déjà, le
"bouclier tarifaire" sur le prix du gaz est prolongé jusqu'à fin
2022, a annoncé vendredi sur France Info, Barbara Pompili Décidé en octobre, le
blocage des tarifs du gaz pour les particuliers devait en principe prendre fin
en juin 2022. Pour quel coût? Jusqu'ici, le budget 2020 mobilise 1,2
milliard d'euros pour compenser ce gel auprès des fournisseurs de gaz. Une
enveloppe qui s'alourdira donc nécessairement.
Pour l'heure, les
prix à la pompe flambent. Et ce n'est que le début. Jeudi sur RMC, le président
de Système U, Dominique Schelcher, a indiqué s'attendre à une "hausse
brutale du carburant dans les jours à venir" en France. La veille, l'Union
française des industries pétrolières (Ufip). avait alerté sur un probable
risque d'augmentation des prix à la pompe "de quelques centimes par
litre", alors qu'"on était déjà dans des plus hauts
historiques".
Les prix du blé et du maïs explosent
Outre le prix de
l'énergie, celui du blé et du maïs explosent. Vendredi, le premier a augmenté
de 7,92% à 412 euros la tonne, le second 6,33% à 403 euros la tonne, battant
eux aussi des records sur le marché européen. L'Ukraine étant un pays central
dans l'approvisionnement de matières premières agricoles. Du côté des métaux,
le nickel a dépassé la barre des 30.000 dollars la tonne, une première depuis
2008.
Sur le terrain,
les combats continuent. L'armée russe a attaqué à nouveau samedi le port
stratégique de Marioupol et continuait d'avancer ailleurs en Ukraine, avec
toujours de féroces combats autour de sa capitale Kiev.
"En raison
de la réticence de la partie ukrainienne à influer sur les nationalistes ou à
prolonger le 'cessez-le-feu', les opérations offensives ont repris depuis
18H00, heure de Moscou", soit 15H00 GMT, a déclaré le ministère russe de
la Défense.
Pourparlers lundi entre Russes et Ukrainiens
Les Ukrainiens
avaient reporté quelques heures auparavant l'évacuation des civils de
Marioupol, sur la mer Noire, ainsi que d'une autre ville assiégée, invoquant
des violations du cessez-le-feu par les forces russes. Conséquence de la
poursuite des combats en Ukraine, la crise humanitaire s'aggravait encore, 1,37
million de personnes s'étant déjà réfugiées à l'étranger, depuis le début de
l'invasion le 24 février, selon les derniers comptages de l'ONU.
Le siège de
Marioupol intervient au moment où les forces russes se rapprochent de Kiev,
rencontrant une tenace résistance et bombardant parfois des immeubles
d'habitation, notamment à Tcherniguiv, à 150 km au nord de la capitale, où des
dizaines de civils ont été tués ces derniers jours. Une équipe de l'AFP qui
s'est rendue sur place samedi a constaté des scènes de dévastation dans des
quartiers d'habitation - alors que Moscou dit ne pas les viser - dans cette ville
de 300.000 habitants qui se vidait de ses habitants, faisant craindre un destin
similaire pour Kiev une fois les batteries de missiles et l'artillerie russes
aux portes de la capitale.
Samedi matin, le
ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a admis que les Russes
avaient avancé dans plusieurs directions. Il a accusé Moscou d'avoir changé de
tactique et de s'en prendre aux civils après avoir rencontré une forte
résistance ukrainienne, qui a mis à mal selon lui les plans russes de conquête
des grandes villes et de renversement rapide du gouvernement. En dix jours de
combats, les Russes ont largement progressé dans le territoire ukrainien, mais
ils n'ont jusqu'ici pris que deux villes clés, Berdiansk et Kherson, sur la mer
Noire.
Selon les autorités
ukrainiennes, une troisième session de négociations avec les Russes se
déroulera lundi. Mais les chances de parvenir à des progrès paraissent infimes,
le président russe Vladimir Poutine ayant prévenu que le dialogue avec Kiev ne
serait possible que si "toutes les exigences russes" étaient
acceptées, notamment un statut "neutre et non-nucléaire" pour
l'Ukraine et sa "démilitarisation obligatoire".
Il a en outre
souligné samedi que la Russie considérerait comme cobelligérant tout pays
tentant d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine, une
revendication du gouvernement ukrainien.
L'Ukraine demande des avions de chasse
aux Occidentaux
Le ministre
ukrainien des Affaires étrangères a indiqué samedi à son homologue américain,
rencontré en tête-à-tête, que son pays avait besoin d'avions de chasse et de
systèmes de défense aérienne, qualifiant de "signe de faiblesse" le
refus de l'Otan de mettre en place une zone d'exclusion aérienne au-dessus de
l'Ukraine.
"Ce n'est un
secret pour personne que notre demande la plus forte concerne les avions de
chasse, les avions d'assaut et les systèmes de défense aérienne", a
déclaré Dmytro Kouleba au secrétaire d'État américain Antony Blinken, lors
d'entretiens à la frontière entre l'Ukraine et la Pologne.
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La
Russie pourrait torpiller l'accord de Vienne sur le nucléaire avec
l'Iran
Alors qu'un
accord avec l'Iran sur le nucléaire apportait l'espoir de pouvoir compter sur
le pétrole iranien, Moscou est intervenu dans le dossier. La Russie a réclamé
samedi à Washington la garantie que les sanctions la visant à cause de
l'Ukraine ne concerneront pas sa coopération avec Téhéran, avant de relancer
l'accord sur le nucléaire iranien. Le ministre russe des Affaires étrangères,
Sergueï Lavrov, a en effet estimé samedi que les sanctions imposées à la Russie
en raison du conflit en Ukraine avaient créé un "problème" du point
de vue de Moscou concernant le nucléaire iranien. Cette demande de la Russie
intervient alors que les pourparlers indirects entre l'Iran et les Etats-Unis
sur la sauvegarde de l'accord de 2015 encadrant les activités nucléaires de
Téhéran semblaient sur le point d'aboutir. Selon un haut responsable
iranien qui s'est confié à Reuters, cette demande n'est "pas
constructive" pour les discussions entre Téhéran et les puissances
mondiales visant à relancer l'accord nucléaire de 2015. L'annonce de la Russie,
qui pourrait torpiller des mois de pourparlers indirects intensifs entre
Téhéran et Washington à Vienne, est intervenue peu après que Téhéran a déclaré
avoir convenu d'une feuille de route l'organisme de surveillance nucléaire de
l'ONU pour résoudre les questions en suspens qui pourraient contribuer à
réactiver le pacte nucléaire.
12/02/2025
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